Peu sensible aux maladies et valorisant très bien les effluents d’élevage, le maïs peut donner de très bons résultats en culture biologique. La gestion des adventices et de la nutrition azotée sont les éléments de l’itinéraire technique qui, bien gérés, permettront à la reine des cultures de printemps de réaliser tout son potentiel.
Un raisonnement à l’échelle du système-ferme et de la rotation est la base de la réussite des systèmes bio, où les solutions de rattrapage chimiques – en fertilisation ou protection – ne sont pas envisageables. Le maïs est une graminée de printemps gourmande en azote, semée avec un écartement important, véritable opportunité pour les adventices. Il est donc essentiel d’intégrer le maïs dans une rotation « nettoyante » et garantissant une auto-fertilité des sols. Les systèmes agroécologiques incluant des prairies temporaires et une diversité de familles de cultures alternant printemps/automne et comportant des légumineuses sont ceux qui produisent les meilleurs résultats. Enfin, une structure du sol saine, sans semelle de labour notamment, donnera au système racinaire la possibilité d’aller chercher l’eau en été.
Choix variétal : ne pas choisir une variété trop tardive qui aurait pour conséquences une récolte dans de mauvaises conditions et une dégradation de la structure du sol. La précocité variétale permet en outre de limiter les besoins en eau et de semer plus tardivement. En bio, la vigueur de départ est essentielle, pour limiter les attaques de ravageurs et dominer la flore adventice.
Fertilisation: le maïs valorise très bien l’azote organique car sa période de végétation coïncide avec le pic de minéralisation de matière organique. L’idéal est donc de placer le maïs après une prairie temporaire ou une légumineuse pour bénéficier des restitutions azotées. Dans tous les cas, les besoins du maïs sont de 2,2 kg/q de grains produits et de 13 kg/T de MS. Compost de fumier de volailles ou de ruminants sont les plus couramment utilisés, on peut aussi utiliser des fumiers frais sauf dans les sols lourds et battants. La méthode des bilans, qui tient compte des besoins du maïs, des objectifs de rendement mais aussi des ressources du sol, est la plus répandue pour adapter la fertilisation.
Semis : semer dans un sol ressuyé et réchauffer permet une levée homogène et rapide, et donc d’éviter les ravageurs et la concurrence des adventices. Une profondeur de 2,5-3 cm est recommandée. La dose de semis sera à modérer en fonction de l’indice, entre 85000 et 90000 grains/ha. Un écartement de 45 cm entre les rangs permet d’assurer une couverture du sol rapide et donc de limiter le développement des advencices.
Gestion des adventices : en plus d’une rotation raisonnée pour limiter le salissement, effectuer un faux-semis avant implantation est un autre levier préventif. Dans la pratique cela ne suffit pas et le « curatif » est utilisé sur 80% des maïs, qui reçoivent un passage de herse étrille en post-semis/prélevée. Au stade 3 feuilles un deuxième passage peut être effectué, puis un binage lorsque le maïs est suffisamment vigoureux (5-6 feuilles).
Gestion des ravageurs : si la sélection variétale met à disposition des agriculteurs des variétés résistantes aux maladies, certains ravageurs peuvent poser problème. Le taupin est le plus courant en particulier dans les rotations comportant des prairies temporaires et des céréales. Les limaces sont préjudiciables aux plantules, il faudra donc veiller à créer un lit de semence fin car les mollusques sont favorisés par les cavités entre les mottes. En cas d’attaque on pourra utiliser du phosphate ferrique (SluXx) à une dose de 7 kg/ha.
Si la présence d’auxiliaires – favorisée par les haies – permet souvent de maintenir les pucerons à un niveau faible, les pyrèthres naturels ou la roténone peuvent être utilisés. Dans les zones à risque pyrale, le trichogramme est la solution la plus efficace. Cet hyménoptère parasitoïde pond dans les larves de pyrale. Le lâcher s’effectue sous la forme de diffuseurs à poser dans un champ selon un protocole précis qui varie selon la firme qui commercialise cet outil de biocontrôle.
Le maïs est très sensible au déficit hydrique autour de la période de floraison et pendant la phase de remplissage du grain. En fonction de votre contexte pédoclimatique, il est conseillé de suivre les recommandations d’irrigation.
« Le maïs fourrage fait partie intégrante de l’autonomie fourragère de mon troupeau de vaches laitières, en équilibre avec la féverole et la luzerne. J’utilise des variétés mixtes que je peux récolter en grain. Le maïs arrive souvent derrière une prairie ray-grass / trèfle blanc ou derrière une luzerne, j’apporte en général 5 tonnes de mon compost pour assurer la nutrition azotée. Malgré une rotation diversifiée, j’effectue encore à mon goût trop de passages de herse étrille, mais c’est essentiel pour lutter contre les vivaces. Ce temps passé permet au maïs d’exprimer son potentiel, avec une moyenne de 12 T de MS/ha » (Bernard, 22)
Le choix variétal en fonction du contexte climatique est essentiel pour obtenir des plantes vigoureuses. En maïs grain, les variétés précoces couvrent environ 20 % des surfaces de maïs grain et sont plutôt adaptées aux Pays-de-la-Loire et en Poitou-Charentes. En ensilage, on conseille la précocité pour la moitié Nord de la France. Agriconomie propose notamment Venetia et Tapas, idéales pour une utilisation en ensilage. Suvitan quant à elle est adaptée pour une récolte en gain et ensilage. Les variétés demi-tardives dominent en Aquitaine et Midi-Pyrénées. Euralis Semences propose notamment ES Brillant, une variété dentée tropicale caractérisée par un haut potentiel de rendement dans des contextes hydriques variés.